On n’en parle pas assez... Les premiers jours d’un bébé.

Les informations pour le texte de cette semaine me proviennent d’une formation sur l’allaitement que je viens de faire avec Ingrid Bayot. Elle est formatrice en périnatalité suite à une longue expérience comme sage-femme.  Celle-ci aborde les premiers jours du bébé et la mise en route de l’allaitement avec une perspective nouvelle. Alors voici, en résumé, ce qu’elle apporte d’intéressant et de nouveau à propos des premiers jours de bébé.

La naissance est un déménagement.  C’est le même bébé qui se trouve à l’extérieur.  Ses choix et ses réactions dans les premiers jours de vie sont guidés par la recherche de la continuité sensorielle transnatale.  Cela veut dire qu’il recherche un environnement et des stimuli qui ressemblent à ce qu’il a vécu dans le milieu intra-utérin. 

C’est à dire:

  • Du liquide partout qui transmet des sensations olfactives et gustatives

  • Du bruit en continue

  • Des textures lisses, molles, douces et enveloppantes

  • Des pulsations permanentes

  • Du mouvement

  • Des stimulations de sa bouche; le fœtus avale du liquide amniotique dès la 16e semaine de gestation. Vers la fin de son séjour dans l’utérus, il avale 500 ml par jour!

Ainsi, l’attirance du nouveau-né pour le sein ne s’explique pas parce que celui-ci a une faim de loup (on se rappelle qu’il « mangeait » jusqu’à ce qu’on lui coupe le cordon ombilicale »), mais davantage pour retrouver ces sensations familières. Une sécrétion massive de catécholamines (les hormones du stress) dans le corps du bébé pendant la naissance lui permet généralement d’avoir un bon moment de réveil calme, où il pourra entrer en contact avec sa mère.  Le nouveau-né passe ensuite les premières heures suivant la naissance à récupérer. À ce stade, son cycle éveil-sommeil est déterminé par sa maturité neurologique et son énergie disponible. 


Les moments d’éveils sont une opportunité pour lui offrir le sein et mettre en marche la lactation chez la maman.  Elle peut offrir le sein dès que bébé présente des signes qu’il est prêt à téter (les mains dans la bouche, salivation, mouvements de tête...). Dans les premiers 24 heures, le bébé tirera son énergie pour se réveiller du colostrum (qui en fait contient très peu de glucides...) et de ses réserves (qui sont suffisantes chez le bébé à terme, mais limites chez les bébés avant 40 semaines). Ainsi, il est important de limiter les dépenses d’énergies de bébé en évitant de lui faire subir des situations stressantes (comme par exemple se faire peser tout nu sur une balance froide).


Ensuite, il passe à travers d’une période d’éveil fréquents et agités. Cela commence souvent en soirée et se prolonge au cours des 2e et 3e nuits (qui coïncident souvent avec le retour à la maison pour les parents). Cette période est normale et même souhaitable, car cela indique que le nouveau-né a de l’énergie pour se réveiller.  Il a besoin d’être porté et cherche à téter souvent pour l’aider à faire face à cet afflux massif de nouvelles sensations provenant de l’environnement extérieur et de son propre corps.  En attendant la montée de lait, le débit de liquide est faible ce qui déclenche une frustration temporaire chez bébé, qui est habitué de prendre des grandes gorgées de liquide amniotique. 


Cette période de tétées fréquentes est bénéfique pour l’apparition de la montée de lait et l’installation de la relation entre la mère et le bébé.  Cependant, cela peut être extrêmement exigent pour la mère qui est encore en train de récupérer de son accouchement.  Elle a besoin de support, d’encouragement et d’aide avec toutes les autres tâches de la maison.  Il faut aussi lui rappeler que cette phase est normale et la rassurer. Le conjoint, la famille et la tribu jouent un rôle important dans la mise en marche de la lactation et dans la transition de bébé vers ce nouveau monde de sensation et de relations. 


Joelle Metayer